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Et du cœur brûlant d’Eve, Adam fit un violon…

2001 • Chamber

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Nicolas Stevens, violin 1
Françoise Gilliquet, violin 2
Eric Gerstmans, viola
Jean-François Assy, cello
André Klenes, basso
Chamber records, 2001

Le nom d’André Klenes reste ombilicalement lié à l’histoire du jazz liégeois. Et tout particulièrement à cette génération méritante qui oeuvra à sa relève, au terme de la grande crise des années 65-75. A la fin des années ’70 et dans les années ’80, sa contrebasse chante et swingue aux côtés de solistes comme Jacques Pelzer, Lou Mc Connel, Milou Struvay, Robert Jeanne… Mais dès cette époque, son appétit musical ne se limite pas au seul jazz. Ainsi, en 1978, il entame sur le tard des études classiques au Conservatoire de Liège, d’où il sort muni d’un Premier Prix de Contrebasse. Dix ans plus tard, il accompagne William Sheller. Et depuis 1981, il participe activement à l‘aventure de Julverne, ovni musical évoluant à contre-courant des modes, et déconcertant avec volupté les critiques avides d’étiquettes et de cloisonnement.

S’il faut chercher un enracinement à l’enregistrement d’Adam ‘s Dream, c’est dans la démarche de Julverne et dans l’ouverture du contrebassiste à l’univers classique qu’il faut le chercher. Définir cette musique ? Allons donc. Musique de chambre ? Musique de salon ? Grenier de souvenirs et d’émois ? Vestiaire d’émotions contenues ? Stop : le travail d’André Klenes mérite mieux que ces jeux de langage topologiques. La musique qu’il nous offre aujourd’hui plane au-dessus des murs et des toits – comme celle de Julverne, comme celle d’Heliotrope, la formation d’un Eric Gerstmans logiquement invité par le contrebassiste à explorer avec lui ces rêves d’Adam.

Parlons-en. Mais de qui au juste ? De l’Adam biblique ? Le superbe montage photographique qui, entre cosmos et onirisme, habille ce CD, pourrait en tout cas le laisser supposer. Mais qu’il se réfère au mythe ou à l’archétype, le propos d’André Klenes – et cela seul importe – est d’abord le fruit (défendu ?) d’une démarche longuement et mûrement préparée. Ainsi, les archéo-musicologues de demain détecteront sans grand effort l’embryon d’un des thèmes de Generalife dans un solo de contrebasse joué par Klenes (à l’archet, performance rare à l’époque en territoire jazzique) en… 1984 aux côtés de Fabrizio Cassol et Michel Massot ! Une suite dans les idées qui n’étonnera que ceux qui ne connaissent pas la détermination que porte jusque dans son regard le maître d’œuvre des ces rêves d’Adam. Des rêves qu’il couve et développe donc probablement depuis lors. Des rêves qui oscillent entre légèreté et gravité, histoire et intemporalité, premier et second degré.

En scène, des cordes, des doigts, des archets. Depuis longtemps, en matière d’instrumentation, André Klenes privilégie la complémentarité des cordes. Jusque dans les élans jazziques, souvenez-vous de Triades : contrebasse, guitare, violon – et quel violon : celui de Jean-Pierre Catoul à qui est dédié sur ce disque une suite sensible autant que pudique. Autre suite, autre hommage, celui rendu par Klenes à un de ces héros littéraires, Fédérico Garcia Lorca. Mais de Catoul à Lorca, en passant par telle cantilène, telle salsa, tel blues, telle rêverie, telle habanera, c’est le même souci de mélodie œcuménique qui anime cette musique parfois déroutante, souvent belle et touchante, sincère jusque dans ses débordements les plus contrôlés.

J.P. Schroeder
(maison du Jazz)

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